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COMMENT DEVENIR CRÉATEUR D'EMPLOI ?

Térèz Léotin
COMMENT DEVENIR CRÉATEUR D'EMPLOI ?

Sur du sable gris repose un oiseau. Probablement un albatros. Ses plumes sont défaites. De son poitrail ouvert surgit une multitude de bobines et autres objets hétéroclites qui n’y ont point leur place. Ceux qui s’y connaissent en tableaux, se croyant en présence du détail d’une grande fresque figurative, avanceront des noms. «Un Buffet, un Brueghel l’Ancien, un Brueghel le Jeune» ; ou, plus près de nous, celui d'une de nos compatriotes artistes, Maryvonne Joseph. Non !

Ce tableau représente tout bêtement, une victime de notre barbarie et son cadavre expose les ordures qu’elle a ingurgitées. Nous avons là, donc, une vraie «nature morte.» Seules les couleurs sont vives.

Un vieux proverbe Cree*  illustre cette réalité et circule avec l’image sur internet  :

« Quand le dernier arbre aura été abattu, la dernière rivière empoisonnée et le dernier poisson pêché, alors l’homme sapercevra que l’argent ne se mange pas. »

Qu’en est-il chez nous, devant l’incurie des hommes qui se fait de plus en plus inquiétante  ? Devrons-nous rester dans « l’attitude stérile du spectateur » indifférent  ? Dans le temps, nous avons connu à la Martinique une publicité dans laquelle un enfant demandait à son père de ne pas jeter les ordures par la vitre de la voiture et de préserver ainsi sa génération.

Cette période semble révolue, et à cette génération a succédé une toute nouvelle, celle qui par un comportement irresponsable, va, dit-elle, résorber la crise de l’emploi. Si on tient compte évidemment, des propos que l’on entend, ici et là, de plus en plus, il y a maintenant une nouvelle forme de créateurs d’emplois, et pas des moindres. L’on s'apprêterait à dire tant mieux et à se demander pourquoi certains s’entêteraient encore à parler de crise. C’est que, chacun se faisant gendarme de l’environnement, à sa piètre façon, il y a depuis quelque temps, un gros problème, une espèce d'habitude qui s’installe ici. Celle du  : «Je jette mes ordures dans la nature, cela va créer des emplois.»

Voilà comment l’on devient créateur d’emploi. Innovateur. Ceux qui parlaient de crise, comme ils étaient ringards  !

À ce propos absurde, le raisonnement se devra d'être absurde. Ira-t-on jusqu’à voler pour donner du travail aux surveillants de prison  ? Ira-t-on tuer pour que le fossoyeur ne soit pas au chômage ?

Avec toutes les ordures des gens qui, se propulsant promoteurs, pensent et agissent ainsi, les statistiques vont grimper. Pôle Emploi devra répondre aux nombreuses attentes. À chaque ordure, autant d’emplois. Plus de chômage. La fermeture de cette institution, qui n’aura aucune nécessité, sera irrémédiable. Ses employés deviendront, à leur tour, demandeurs d’emploi qui se convertiront en ramasseurs d’ordures. Il n’y a pas de sot métier. Mais devant la concurrence, ne risqueront-ils pas de se retrouver au chômage ? Le malpropre qui se dit créateur d’emploi y aurait-il pensé  ?

Il est semble-t-il encore plus urgent de venir au secours des inconscients pour les aider à modifier leurs comportements. Dénoncer, répéter n’est-ce pas aider ceux qui agissent par ignorance ou forfanterie. Les aider à comprendre n’est-ce pas aider la planète ? Transformer les habitudes de tous ceux qui sont loin d’être conscients de la portée de leur comportement, n’est-ce pas protéger la nature ? Prévenir et prémunir notre environnement de toute dégradation, n’est-ce pas maintenir l’écosystème ? Que faire pour que nous devenions des écocitoyens, militant au service de la planète ? Est-il absolument besoin de créer cet emploi  ? Il y a des pays où le non-respect des critères de propreté est soumis à contravention et les habitants motivés vous le rappellent. Faut-il rémunérer ces habitants vigilants et bénévoles ? Faut-il aussi inventer cet emploi ?

S’il en est un à développer davantage, ce serait bien celui de brigades territoriales. On l’imposerait partout, ce qui permettrait notamment de verbaliser chaque personne qui ne respecterait pas la nature, et qui se vanterait de ne pas utiliser les poubelles dans le but de "créer des emplois". L’on exaucerait d’une tout autre manière, leurs vœux  de créer des emplois. Mais malgré la frénésie de ces "concepteurs", lorsque par leur faute, la planète n'existera plus, qui aura à travailler ? Trêve de plaisanteries, la Terre a besoin de tous. Il se fait tard.

Térèz Léotin

 

 * Les Crees (en français : Cris) sont un peuple indigène du Canada. Ce sont des Amérindiens. La langue crie est l'une des langues amérindiennes les plus parlées de l'Amérique du Nord.

 

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