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Chlordécone : la motion de l'assemblée de la CTM "oublie" les Békés et les élus

Chlordécone : la motion de l'assemblée de la CTM "oublie" les Békés et les élus

   On doit se frotter les yeux à la lecture de la motion contre le chlordécone votée à l'unanimité par l'assemblée de la CTM (Collectivité de Martinique) lors de la plénière du 09 février dernier. En effet, tous (/toutes) ces élus (es) qui,  pourtant placés (es) à différents postes (conseiller municipal, conseiller général, conseiller régional, maire, député et sénateur) n'ont jamais ouvert la bouche sur le sujet pendant 30 ans, viennent maintenant pondre ce blablabla niloristo-lordinesque dans lequel ils "considèrent", puis ils "exigent". 

   Parmi la longue liste de leurs "considérations", ils pointent :

   "La gravité de la responsabilité de l’Etat français qui a interdit la chlordécone en France en 1990 tout en accordant des dérogations successives en Martinique et en Guadeloupe jusqu’en 1993, et en tolérant son utilisation jusqu’en 2002."

   On retrouve là l'idée de "crime d'état" énoncée par le grand écologiste Serge LETCHIMY lors d'une récente tirade à l'Assemblée nationale, le même qui en 2007 avait été à l'origine de la création de l'association "MACHANN FOYAL" qui avait défilé dans les rues de Fort-de-France pour conspuer les noms de L. BOUTRIN et R. CONFIANT coupables d'avoir dénoncé l'empoisonnement de notre pays dans un ouvrage. Personne ne nie que l'Etat soit responsable puisque ce sont les ministres de l'agriculture qui signent les AMM (Autorisation de Mise sur le Marché), pour les pesticides, mais pointer du doigt la seule responsabilité relève du foutage de gueule. En effet, le lobby bananier béké a joué un rôle considérable dans la fabrication (au Brésil), l'importation, l'utilisation et les diverses prolongations d'autorisation du chlordécone durant les quatre décennies écoulées. Les établissements DE LAGUARRIGUE furent ainsi les principaux importateurs de ce dangereux pesticide organochloré lequel fut utilisé à raison de 120kgs par hectare dans les plantations (contre...6kg dans les autres pays producteurs de banane du monde !) et cela sans que jamais, les quelques 8.000 ouvriers agricoles du secteur bananier aient été informés de l'extrême dangerosité du produit.

   De plus, ce lobby bananier béké s'est appuyé sur les parlementaires nègres, notamment Guy LORDINOT, pour plaider leur cause à l'Assemblée nationale et supplier le gouvernement de reconduire l'autorisation d'utiliser le chlordécone. Exactement comme plus tard, pour l'épandage aérien, S. LETCHIMY alors président du Conseil régional et sa majorité refusèrent d'en condamner l'usage ! Donc passer sous silence le rôle des Békés et des élus nègres relève du traficotage de la réalité. D'autant que les maires, eux aussi, de par la loi, sont tenus de vérifier la potabilité de l'eau du robinet qui est servie à leurs administrés. Or, pendant plus de 30 ans, les Martiniquais ont bu une eau gorgée de chlordécone !

   Quant aux "exigences" de la motion de l'assemblée de la CTM, elles ne font que reprendre ce que les écologistes, à commencer par feu Pierre DAVIDAS, ont dénoncé depuis des lustres en omettant là encore un point essentiel : tant que le chlordécone sera classé dans la liste des produits "peut-être cancérigènes", il n'y aura aucun moyen juridique de faire condamner les différents responsables de l'empoisonnement de notre population et de notre pays. L'un des principaux combats à mener est par conséquent d'obliger le gouvernement à requalifier le chlordécone en produit "probablement cancérogène" exactement comme il l'a fait pour la dieldrine qui est un pesticide organochloré assez similaire au chlordécone. En effet, il faut savoir que :  

   "Les molécules cancérogènes chez l’Homme ont ete classees par le CIRC en différentes categories selon les etudes reglementaires, mecanistiques et épidémiologiques: Groupe 1 : l’agent est cancerogene pour l’homme ; Groupe 2A :l’agent est probablement cancerogene pour l’homme ; Groupe 2B : l’agent est peut‑être cancerogene pour l’homme ; Groupe 3 : l’agent est inclassable quant à sa cancérogénicité pour l’homme ; Groupe 4 : l’agent n’est probablement pas cancérogène pour l’homme"

   Nous avons mis en gras le Groupe 2B dans lequel est classé actuellement le chlordécone. Il faudrait tout faire pour que ce dernier soit reclassé au moins dans le groupe 2A. En effet, on peut faire appel à la statistique épidémiologique, et mettre en rapport le taux de cancers de la prostate dans les régions bananières de la Jamaïque, par exemple, qui est...5 fois moins élevé qu'en Martinique parce que nos cousins du nord de l'archipel n'ont pas fait un usage aussi démentiel du chlordécone. Quant à Haïti où il n'y a jusqu'à tout récemment jamais eu de grandes plantations de banane, son faible taux de cancers de la prostate réduit à néant l'argument selon lequel ce type de cancers serait propre ou plus fréquent chez les Noirs. Si ni an koté ki ni Neg, sé bien Ayiti !

   Autre combat à mener qu'évoque très vaguement la motion : l'emploi de techniques permettant de dépolluer progressivement les parcelles les moins contaminées (rappelons que 22.000 hectares sont touchés), notamment celle de la phytoremédiation déjà utilisé par divers pays dans le monde pour endiguer la pollution par les pesticides, notamment le Canada. Certes, cela coûte cher, très cher même (bien plus que les modestes 33 millions d'euros des Plans Chlordécone mis en place par l'Etat), mais la santé des Martiniquais d'aujourd'hui et surtout des nouvelles générations, gravement impactées (le chlordécone est suspecté de favoriser le développement actuel de l'autisme), ne devrait pas avoir de prix. Ceux qui en sont les principaux responsables de la catastrophe (Etat, planteurs  et importateurs Békés, parlementaires, maires etc.) doivent payer !

   Inutile de dire que cette motion de l'Assemblée de la CTM n'aura strictement aucun effet ! Sauf bien sûr politique. Elle vise à montrer à TI SONSON que ceux et celles qu'il a élus (es) s'occupent de son sort...

 

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