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CE QUI SE PASSE A BARCELONE EST NOTRE AFFAIRE

Raphaël CONSTANT
CE QUI SE PASSE A BARCELONE EST NOTRE AFFAIRE

Il faut garder la tête froide face au déferlement de contrevérités et d’absurdités déversés dans les médias occidentaux face à ce qui se passe actuellement en Catalogne.

Que les états et gouvernements européens aient fait le choix de soutenir Madrid contre Barcelone, on peut sinon le comprendre mais l’admettre. Les dirigeants de l’Europe Occidentale ont très peur du renouveau d’une vieille nation et d’une remise en cause des frontières issues des deux derniers conflits mondiaux. Il reste qu’il est extraordinaire de voir des états et une Union se réclamant de la démocratie et de l’état de droit proférer des mensonges éhontés pour disqualifier un combat libérateur qui vient de loin.

Les indépendantistes catalans sont présentés comme des « excités », des « survoltés », adeptes d’une position « messianique » et « irrationnelle ». J’ai même entendu qu’il y aurait en Catalogne « un terrorisme indépendantiste ». Or, si les militants catalans ont été patients, c’est bien le moins. Il y a plus de trente ans que je travaillais déjà avec certains d’entre eux au sein d’une structure dénommée la CONSEO (la Conférence des Nations sans Etat d’Europe Occidentale) pour poser la question de la souveraineté, entre autre, de la Catalogne. Petit à petit, les militants catalans ont occupé tous les espaces publics pour faire reculer ceux qu’ils appellent les « espagnolistes » ou « castillans ». Ce qui se passe aujourd’hui n’est pas un simple caprice de « fous furieux » mais les résultats de plusieurs décennies de combats politiques, sociaux et culturels.

Il se fait que Madrid et l’Europe n’ont jamais voulu prendre au sérieux ce combat émancipateur car il leur parait puéril. A titre d’exemple, à la veille du premier octobre, le journal Le Monde écrivait un éditorial intitulé « Un référendum pour rien ». Quel aveuglement et mépris de dire que la volonté de plus de deux millions de personnes ne serviraient à rien !

Quand en 2010, le tribunal constitutionnel espagnol a, à la demande du Parti Populaire (PP) de droite, annulé l’essentiel d’une nouvelle loi définissant une plus large autonomie pour la Catalogne au motif qu’il n’existait pas de peuple catalan mais un unique et indivisible peuple espagnol, aucun des grands supposés démocrates ou juristes européens n’a protesté. Mais l’année suivante, un million de catalans défilait à Barcelone le jour de la Diada pour la nation catalane.

Or, c’est le même PP et ce même Tribunal qui refuse le droit aux catalans de s’exprimer sur leur avenir et ils sont encensés par la presse occidentale !

Et voici donc Félipe dont le trône a été remis en place par le fasciste Franco qui vient donner des leçons aux catalans, à ses représentants et les menacer.

Et pour l’Occident, c’est bien car ce roitelet aurait agi en homme d’état.

On reproche aux militants une alliance contre nature entre droite, gauche et extrême gauche pour avoir décidé de ce référendum. En effet, le gouvernement catalan actuel émane d’une coalition regroupant un parti nationaliste de droite (PdeCat) et le vieux parti républicain de gauche (ERC) et il est soutenu par la CUP qui se situe à la gauche de la gauche.

Ainsi, dans tous les pays du monde, on nous parle de la nécessaire unité nationale pour avancer. Mais en Catalogne, ce serait un défaut. Or, il faut saluer ces forces qui en dépit de leurs divergences se sont mises d’accord pour ne permettre qu’une chose : qu’un peuple s’exprime sur son avenir !

Ces critiques marchent sur la tête.

La thèse que le référendum du premier octobre serait illégal semble un fait acquis. Plein d’experts le proclament. Or, cette évidence est fausse. Comme souvent, le juridisme est utilisé pour cacher une position politique inavouable, le refus de l’exercice d’un droit. Le référendum serait illégal car les tribunaux espagnols l’auraient dit et par ce que la constitution espagnole l’interdirait.

Rappelons avant tout que depuis 2014 le gouvernement catalan a demandé à Madrid d’organiser un tel référendum et que cela a été refusé sans que cela n’émeuve nos grands démocrates européens.

Rappelons aussi que la majorité du parlement catalan, la generalitad, a démissionné en 2015 pour que de nouvelles élections soient organisées et que la majorité issue de ce vote l’a été sur la base claire et non équivoque d’organiser un tel référendum.

Sur le plan politique, le fondement démocratique du référendum est difficile à nier.

Ceci étant rappelé, venons-en à ce pseudo argument juridique qu’on nous assène comme une vérité.

En quoi ce scrutin serait illégal ? Du fait que le Tribunal Constitutionnel Espagnol l’a interdit. Et pourquoi l’a-t-il été interdit ? Au même motif que la décision prise en 2010, le seul peuple qui existe est le peuple espagnol et les catalans n’ont pas à être consultés sur leur avenir.

C’est le même raisonnement que la France a soutenu pour l’Algérie. Il n’y avait pas de peuple algérien mais des départements français en Algérie. La France était traversée par la Méditerranée comme la Seine traversait Paris ! La fiction juridique a été menée jusqu’au bout puisque pour en arriver à la sécession et l’indépendance en 1962, de Gaulle a organisé un référendum non pas en Algérie mais dans toute la France. C’est la même logique qui a prévalu sous le gouvernement Rocard concernant la Kanaky. Il a fallu un référendum français pour envisager une possible indépendance de cette colonie.

La position de Madrid et de ses juristes est donc simple : le peuple catalan ne peut avoir de référendum pour s’exprimer sur son avenir car selon la constitution espagnole il n’existe pas.

Je nie votre existence pour que je sois !

C’est donc à partir d’une fiction juridique (il n’existe que le peuple espagnol) que Madrid et ses alliés européens considèrent que le principe d’une consultation du peuple catalan est illégal.

Or, ce qu’oublient ces juristes et les journalistes qui les suivent, c’est que la Constitution espagnole ne peut violer des règles de droit international.

Or, l’Espagne est (aujourd’hui) membre de l’ONU. Elle doit respecter la Charte de l’ONU (dite Charte de San Francisco) adoptée le 26 juin 1945 qui indique clairement en son article 1 point 2 le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». De même, l’assemblée générale de l’ONU a adopté le 16 décembre 1966 le Pacte des droits civiles et Politiques qui en son article 1 pose le principe du droit des citoyens d’un peuple à s’exprimer sur son avenir.

En refusant ce référendum, Madrid et ses juges violent ses textes fondamentaux.

Ils violent d’ailleurs leur propre constitution puisque celle-ci (en son article 8) reconnait la primauté des conventions internationales sur ses propres lois !

Donc contrairement à ce que professent les gouvernants espagnols et européens, la convocation de ce référendum ne pouvait être illégal tenant compte du principe juridique consacré ci-dessus.

Il reste que le référendum du premier octobre n’a pas se tenir dans des conditions normales puisqu’ un peu moins de 15% des bureaux de votes ont été fermés de force par la garde civile et la police espagnoles et que cette dernière a fait régner la peur pour empêcher de voter.

La position de Madrid et de Rajoy est dans la lignée de la position ancestrale des « espagnolistes ». Les rois bourbons et la droite, de l’extrême à la modérée, ont toujours été opposés aux luttes des peuples de la péninsule ibérique, de la Catalogne au pays basque sans oublier la Galicie. La bourgeoisie (et une partie du mouvement ouvrier) espagnol ne peut se résoudre à admettre que leur pays soit ramené à la Castille et l’Aragon.

L’Union Européenne se refuse à envisager que les états qui la constituent soient remis en cause car la supranationalité est l’antithèse de la souveraineté des peuples, particulièrement ceux qui n’ont pas ou plus d’Etat.

En soutenant Rajoy, Macron défend la position traditionnelle de la France sur la question coloniale. On observera d’ailleurs que son adversaire numéro un, Mélenchon, n’est pas très éloigné de cette même position de négation des autres peuples autre que celui de France.

Il appartiendra aux militants catalans de décider des suites de leur action émancipatrice. Nul doute que cela sera ardu car l’Etat espagnol a une capacité de répression importante pouvant ébranler une partie de la bourgeoisie catalane. Le combat émancipateur de la Catalogne sera mené jusqu’à son terme et je fais confiance à l’abnégation et la mobilisation de ces milliers de militants pour le mener à bien.

Mais il importe que tous les progressistes et anticolonialistes soient conscients que ce qui se joue à Barcelone est important pour l’avenir des peuples européens et surtout des peuples sous domination et sans état.

Donc, pour nous-mêmes !

Raphaël CONSTANT

Commentaires

jean-michel caraibes | 04/10/2017 - 23:09 :
Les "indépendantistes" martiniquais:vous savez , les gens qui veulent que LA FRANCE RESTE EN MARTINIQUE puisqu'ils demandent qu'elle finance le cyclotron ,continue de payer des emplois aides ,qu'elle AUGMENTE la dotation aux communes et aux autres collectivités etc...sont des partisans enragés de l'indépendance de.... la Catalogne . Défense de rire..

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