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Catherine Conconne : "Je condamne ce genre d'actions !"

Catherine Conconne : "Je condamne ce genre d'actions !"

   Après que ses ex-camarades du PPM, S. Letchimy et D. Laguerre ont traité, le 22 mai dernier, les déboulonneurs de Schoelcher de "vandales", c'est à la sénatrice de réagir.

   Comme 90% de la classe politique, il ne fallait évidemment pas s'attendre à ce qu'elle approuve les déchoukages de l'Impératrice et du Christophe Colomb au petit pied. Tout comme les autres élus (es) martiniquais, elle les "condamne" tout en admettant qu'il y a un problème et ajoute qu'elle "désapprouve la forme". Ces contorsions langagières dénotent le désarroi d'un corps politique complètement désemparé devant les démolitions à répétition opérées par lesdits activistes. 

    Triste corps politique qui se retrouve déstabilisé par une poignée (une petite centaine) d'activistes ! 

    Fossé générationnel ? Aveuglement volontaire ? Déni de réalité ? Refus de reconnaître ses erreurs ? Il y a un peu de tout cela dans la déclaration de la sénatrice tout comme celles de ses collègues porteurs d'écharpes bleu-blanc-rouge de quelque bord politique qu'ils soient. Mais la principale explication est en fait la quatrième : le refus de reconnaître ses erreurs. Et puisque jusqu'il n'y a pas très longtemps, elle était un membre éminent du PPM, elle est comptable des errements de ce part qui prône l'autonomie depuis un demi-siècle sans jamais rien faire pour permettre à cette dernière d'advenir. Ne serait-ce même que de se profiler à l'horizon. 

   La situation de crise actuelle résulte directement de la politique menée par le PPM et donc C. Conconne. Erreurs qui sont les suivantes :

 

   __au plan politique : avoir décrété en 1981 un "Moratoire" sur la revendication d'autonomie sans jamais en annoncer la fin. Car tout moratoire, de par la définition même de ce terme, est limité dans le temps. Or, le Parti Progressiste Martiniquais a fini par se muer en Parti du Perpétuel Moratoire ; le refus d'appeler à voter l'article 74 en 2010 alors même que cela aurait conféré à la Martinique un tout petit début de commencement d'autonomie comme c'est le cas pour Saint-Barth (le covid-19 vient d'en fournir la preuve). En 1999, L. Michaux-Chevry (droite assimilationniste) et A. Karam (socialiste français) s'étaient montrés plus autonomistes que le PPM en signant avec Alfred Marie-Jeanne (indépendantiste) la "Déclaration de Basse-Terre", c'est dire ! Et ne parlons même pas de la honte que le PPM avait infligé, en 2007, au peuple martiniquais quand utilisant jusqu'à la corde un Césaire vieillissant (mais aujourd'hui les mêmes trouvent Marie-Jeanne trop vieux !), ils avaient poussé ou laissé ce dernier déclarer au Premier ministre français de l'époque, François Fillon : "Nous avons besoin de vous car c'est grâce à vous que nous survivons". Honte infligée au Peuple Martiniquais, mais aussi à Césaire lui-même ! Et cela par des gens qui pour la plupart ne l'ont presque jamais lu... 

 

 

   __au plan culturel : par le biais du SERMAC d'avoir, parmi d'admirables actions de sauvegarde et de valorisation de la culture martiniquaise (rayi chien mé di dan'y blan !) s'est progressivement enferré dans la seule valorisation de la Négritude, oubliant ou ne sachant pas que toute idéologie quelle qu'elle soit finit toujours par se voir détournée un jour (le noirisme d'aujourd'hui en est la conséquence directe). Sans même parler de la promotion d'une Africanité de pacotille se résumant au port ostentatoire du boubou et de colifichets ainsi que du seul brennen-bonda au son d'un tam-tam. En effet, par comparaison, quoique 5% en Martinique et 25% en Guadeloupe, les Indiens ont compris que valoriser l'Indianité ne consiste pas seulement à chanter et danser et organisent depuis une vingtaine d'années déjà des cours de tamoul et de hindi sans même parler du fait qu'ils protègent leur religion, l'hindouisme. Or, où peut-on apprendre une grande langue africaine dans ce que certains césairolâtres aiment dénommer Césairreville ? Nulle part ! Où peut-on s'initier à une religion africaine et pourquoi les omfò (temples vaudous) doivent-ils fonctionner dans la clandestinité à Trénelle et à Volga-Plage, ceux qui les ont implantés (les immigrés haïtiens) étant regardés de haut, voire ostracisés ? Nulle part ! Et ne parlons même pas de la contradiction entre la volonté (non concrétisée comme on vient de la voir) de "domicilier l'Afrique aux Antilles", idée césairienne pourtant géniale, et la complaisance, au SERMAC notamment, envers ceux qui prônent l'exact contraire (le retour en Afrique), les Rastafariens ? Que l'on soit très clair : tout Martiniquais a le droit d'adhérer à la religion qu'il veut et il existe des Bouddhistes, des Musulmans, des Mahi-Kali etc...à la Martinique et donc des Rastafariens. Ces derniers doivent être respectés à l'égal de tout le monde. Mais enfin, l'Ethiopie se trouvent à...5.000kms du Golfe du Bénin et du Congo d'où proviennent les ancêtres de la majorité des Martiniquais, aucun Ethiopien n'a jamais été emmené comme esclave dans aucun pays des Amériques et quand aujourd'hui, des activistes brandissent le drapeau rastafari dans leurs manifestations à côté de notre rouge-vert-noir, il y a là un dangereux confusionnisme qui est la conséquence directe de la contradiction évoquée plus haut. Sinon, la pensée du troisième géant de la pensée martiniquaise (avec Frantz Fanon) à savoir Edouard Glissant, ses concepts d'Antillanité, de Créolisation et plus tard, du Tout-Monde n'ont jamais été considérés par la politique culturelle de la municipalité foyalaise...

 

 

   __au plan sociétal : en allant planter le tristement fameux "Courbaril de la Réconciliation" sur l'Habitation du plus riche Béké martiniquais, Césaire et Darsières en tête ; puis en les accueillant plus tard sur la place Abbé Grégoire des Terres-Sainville, S. Letchimy en tête, au motif que 200 Békés avaient publié une lettre dans FRANCE-ANTILLES déclarant que l'esclavage fut un crime contre l'humanité ; en allant, une dizaine d'années plus tard, arroser le fameux courbaril, confirmant de ce fait ce "Pacte avec le Supermarché", descendant direct du "Pacte avec l'Usine" du député socialiste Joseph Lagrosillière du début du 20è siècle (dont Darsières a écrit la biographie). Au moins, elle, l'Usine, produisait quelque chose...

 

 

 

   __au plan économique : la non remise en cause de l'économie de comptoir qui sévit à la Martinique depuis l'effondrement de l'économie de plantation dans les années 60 du siècle dernier, système qui est tout simplement mortifère pour notre pays et ne sert qu'à remplir les poches des Békés et autres patrons. Il n'y a qu'à parcourir le fameux "LIVRE BLEU" triomphalement présenté dans l'hémicycle de l'ex-Conseil Régional en février 2014, époque où S. Letchimy en était le président, pour s'en rendre compte. Ses co-rédacteurs Jean Crusol et Emmanuel De Reynal étaient tout sourires mais leur prose, par endroits grandiloquente (création d'un "Salon mondial du rhum", d'une "Université des seniors" etc.), dans aucune de ses 21 propositions ne remet en cause l'économie de comptoir. Quant à la promesse électoraliste du PPM de créer 5.000 emplois n'était-elle pas en contradiction avec l'alliance avec CONTACT-ENTREPRISES, opérateur du "Livre Bleu" ? En effet, depuis quand, en système capitaliste, c'est aux institutions publiques de créer des emplois ? Cela revient d'abord et avant tout au secteur privé et donc chez nous, aux Békés et autres patrons. Le rôle d'une collectivité (mairie, communauté d'agglomération, région, CTM etc.), en système capitaliste__insistons là-dessus !__est de créer les meilleures conditions possibles pour le développement de l'activité économique, pas de se substituer au secteur privé. 

 

 

     Sinon, chacun aura d'ailleurs noté la (troisième) énorme contradiction qu'il y a à valoriser au plan culturel la seule Négritude tout en s'acoquinant au plan sociétal avec des Békés sans jamais exiger aucun geste concret de la part de ces derniers. Entendons-nous bien :  il ne s'agit pas du tout de diaboliser les Békés mais de leur imposer des "Commissions Vérité et Réconciliation" comme cela s'est fait en Afrique du Sud. Or, nos chers Békés veulent "la réconciliation" sans "la vérité", ce qui revient tout simplement à se foutre du monde et à prendre le "Neg" pour un couillon. Césaire et Darsières auraient dû, par exemple, avoir exigé de Bernard Hayot la reconstruction à l'identique, sur l'Habitation Clément, d'un cachot d'esclaves et d'une Rue-Cases-Nègres, à côté de la Grand'Case du Maître que visitent, émerveillés, les touristes, AVANT d'accepter de planter le courbaril en question. 

    La situation que nous vivons actuellement découle donc directement de cinquante ans de politique erratique et de lourdes contradictions du PPM et tant que ce dernier ne le reconnaîtra pas publiquement, tant qu'il ne rectifiera pas drastiquement sa manière d'agir, les choses ne feront qu'empirer.  Les activistes sont très loin d'être 20.000 comme les manifestants de Février 2009 mais il suffirait qu'un drame se produise (comme cela a failli se faire devant l'Hôtel de Police de Fort-de-France) pour que le pays tout entier s'enflamme. La Martinique en a ASSEZ du faux discours autonomiste du PPM comme elle en a aussi assez du faux discours indépendantiste des différents partis qui se réclament de la souveraineté nationale tout en trônant dans des postes électifs dans lesquels ils savent pertinemment qu'il leur est impossible de changer quoi que ce soit. La sénatrice Conconne peut par conséquent condamner les actions des activistes mais il faut qu'elle sache que les Martiniquais sont loin, très loin, de prendre au sérieux ses propres actions à elle. Plastronner au Sénat, vréyé vokal comme elle sait si bien le faire, ça n'a comme seul résultat que d'amuser la galerie.

 

                                                                     ***

 

   (Mais il n'est pas interdit de faire un rêve lequel serait un rêve éveillé et non un rêve nocturne : que dans un sursaut de lucidité, l'ensemble de nos Autonomistes et Indépendantistes acceptent de s'asseoir autour d'une table, mettant de côté leurs divergences idéologiques et surtout leurs querelles de personne__pour une fois !__et proposent une sortie de crise. Cela ne pourra être qu'une ou des solution (s) concrète (s) et non une énième déclaration grandiloquente comme nos politiques de tous bords savent si bien le faire.)

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