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CAMPAGNE DES REGIONALES DANS UN PAYS ATONE…

CAMPAGNE DES REGIONALES DANS UN PAYS ATONE…

Tout le monde le constate : la campagne électorale pour les élections régionales en Martinique ne passionne pas les foules et les débats télévisés organisés autour ou avec les candidats sont loin d’atteindre des pics d’audience. Paradoxalement, la campagne semble beaucoup plus animée en Guadeloupe où pourtant la grève de janvier-février 2009 avait considérablement décrédibilisé la classe politique, toutes tendances confondues.

La Martinique ressemble à un pays atone.

Un pays sans nerfs, comme vidé de sa substance. Un pays somnambule. Comme si le coup de tonnerre du 10 janvier dernier, ces 80% de gens qui avaient poussé un « cri d’amour envers la France » (dixit Sarkozy) retentissait encore dans la tête de chacun. Comme si chacun prenait soudain conscience de l’énormité de ce vote. De son caractère absurde, voire obscène.

50 années de combat pour l’autonomie pour les uns, trente années de combat pour l’indépendance pour d’autres, rayés d’un simple vote. L’idée même de responsabilité martiniquaise foulée aux pieds, réduite en bouillie. Tout le combat pour la sauvegarde de l’environnement et des terres agricoles (ASSAUPAMAR, Ecologie Urbaine etc.), pour une presse libre (Justice, Le Naïf, Antilla, Grif An Tè, Karibel, La Tribune des Antilles etc..), pour l’épanouissement de la langue créole (le GEREC, Bannzil Kréyol etc.) jeté aux oubliettes.

Aimé Césaire et Frantz Fanon reniés.

Alors sans doute chacun mesure-t-il à présent qu’un pas irréversible vient d’être franchi. Que Serge Letchimy pourra nous gratifier à tout bout de champ de ses sourires ultra-bright, que son parti, le néo-PPM, pourra nous abreuver de tous ses beaux discours « tout-mondesques », ils ne pourront pas masquer le fait qu’aux yeux de l’histoire, ils resteront comme ceux qui auront assassiné (le mot n’est pas trop fort) l’idée de responsabilité et de dignité martiniquaise.

Sarkozy nous l’a dit à l’Atrium lors de sa récente visite en Martinique : « Le débat institutionnel est clos ». La soi-disant 3è voie du PPM est donc morte-née, à moins qu’il ne s’était jamais agi que d’un gadget, d’une ruse, pour embrouiller le débat et empêcher les gens de voter pour le 74. A moins que dès le départ, il y ait eu connivence ente Sarkozy et le néo-PPM…

Il se dit, sondages à l’appui, que le MIM et son leaders sont fini et que le PPM fera une razzia aux régionales. D’aucuns parlent de 31 élus au second tour, lorsque d’autres listes auront fusionné avec celle de Letchimy.

Il n’y a pas de quoi s’en faire. Le peuple a les élus qu’il mérite car c’est lui qui les met en place.

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