Majoritaires dans les manifestations, les « kandakas » mènent la contestation et réclament davantage de place dans la société soudanaise.
Assise là au bord du canapé avec le dos bien droit pour ne pas toucher le dossier, les mains à plat sur les jambes, la robe tirée, elle incarne la jeune fille soudanaise bien élevée. Sa mère, du reste, tassée dans un fauteuil non loin, garde un œil vigilant sur la situation et semble satisfaite. Il faut juste capter l’éclair du regard d’Alia pour comprendre ce qui l’anime en réalité. C’est un volcan qui aurait choisi sa manière d’entrer en éruption : calmement, posément, mais avec tout le feu de la Terre.
Elle aurait pu être cette jeune femme que tout le Soudan connaît et admire, prise en photo le 8 avril, en train de haranguer une mer de manifestants depuis le toit d’une voiture, chantant des chansons à la gloire de la « révolution », habillée de façon à rappeler, en effet, les grands mouvements populaires qui ont contribué à jeter à bas deux régimes militaires, en 1964 et 1985, au Soudan.