Et de se lamenter sur la perte irréparable qu'ont causé les flammes.
Or, est-ce vraiment "irréparable" ? Absolument pas ! La cinquième puissance économique mondiale dispose tout à la fois des moyens financiers et techniques lui permettant de reconstruire le monument à l'identique. Les plans existent, les photos, les CD-ROM etc..., bref rien n'est perdu en fait. Oui, mais ce ne sera plus le même bâtiment, continuera-t-on à se lamenter. Ce sera désormais un bâtiment moderne même s'il ressemble à l'ancien comme deux gouttes d'eau. Il n'aurait plus ni le même cachet ni la même aura et bla-bla-bla.
En fait, c'est une simple question de vision du monde qui peut se résumer ainsi : qu'est-ce qui importe, ce qui est vieux, très ancien, ou ce qui est identique ? Au Japon, le temple le plus secret de la religion shintoïste, celui qui est dédié à la déesse Imaterasu, est détruit et reconstruit à l'identique tous les...20 ans !!! Et il a déjà été détruit puis reconstruit 61 fois en 1200 ans. Aucun fidèle ne considère ni qu'il 'agit d'une perte irréparable ou d'un sacrilège. Ce qui importe c'est qu'il soit la copie conforme du tout premier.
Les civilisations occidentale et arabo-musulmane ont le culte de l'ancien lequel est assimilé à l'authentique. Or, si jamais Israël bombarde les pyramides d'Egypte, ce pays aura intérêt à les reconstruire vite fait et à...l'identique car la grande majorité des touristes qui viennent sur les bord du Nil le font pour admirer les pyramides. Etant donné l'importance du tourisme dans l'économie égyptienne, il n'y aurait aucune autre solution. Idem pour la cathédrale Notre-Dame de Paris qui est, dit-on, le monument le plus visité au monde.
La sagesse extrême-orientale sort en fait gagnante : ce qui est authentique ce n'est pas ce qui est vieux, mais ce qui est identique. D'autant que très souvent, le fameux "très ancien" ou "millénaire" dont on se gargarise oublie que la plupart des grands monuments du monde ont été partiellement reconstruits à cause d'éboulements, de crues, de tremblements de terre, de guerres ou...d'incendies. Ou de l'usure du temps tout simplement. Y compris Notre-Dame, ces monuments sont en fait hybrides : ils comportent tous des parties plus anciennes ou plus récentes que d'autres suite à ces rénovations régulières.
Donc, certes, l'incendie de Notre-Dame est fort attristant, mais ce n'est pas pour autant la fin du monde...