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Affaire libyenne : Sarkozy ne répond plus

Affaire libyenne : Sarkozy ne répond plus

Convoqué la semaine dernière dans l’enquête sur le financement présumé de sa campagne de 2007, l’ex-président a refusé de se plier aux questions des juges d’instruction.

Nouveau bras de fer entre Nicolas Sarkozy et les juges chargés d’enquêter sur ses liens avec l’ancien régime libyen. Soupçonné d’avoir profité des largesses du clan Kadhafi et mis en examen pour «recel de détournement de fonds publics, corruption passive et financement illégal de campagne électorale», l’ancien président a décidé de se murer dans le silence. Convoqué à nouveau le 4 juin, il n’a répondu à aucune question des magistrats instructeurs, se contentant d’une courte déclaration empreinte d’indignation. «Répondre aujourd’hui à vos questions, ce serait reconnaître votre compétence», a-t-il justifié, faisant allusion à une requête en nullité déposée en mai 2018 par son avocat, Thierry Herzog, qui n’a toujours pas été examinée par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris.

Les faits qui lui sont reprochés s’étant déroulés entre 2005 et 2011, période au cours de laquelle il fut successivement ministre de l’Intérieur puis président de la République, Sarkozy considère que la procédure judiciaire aurait dû être diligentée par la Cour de justice de la République, et non par une juridiction ordinaire. «Je suis mis en examen pour avoir abusé de mes fonctions publiques au service d’un Etat étranger. Cette question est sérieuse et j’attends qu’elle soit tranchée par les juridictions compétentes», a-t-il insisté.

Six ans d’investigations

L’affaire le poursuit depuis que Mediapart a publié en avril 2012, entre les deux tours de la présidentielle, une note secrète signée par le chef des services secrets extérieurs libyens actant le déblocage de 50 millions d’euros pour sa campagne victorieuse de 2007. Qualifiant à nouveau ce document de «faux», alors même que le site d’information a bénéficié d’un non-lieu définitif dans l’enquête ouverte sur ce point, Nicolas Sarkozy a repris l’idée d’un «complot» destiné à l’écarter de l’Elysée. «J’ai perdu les élections, ce n’est d’ailleurs pas plus injuste de perdre que de gagner, c’est la vie», a-t-il philosophé avant d’asséner : «Mais j’ai perdu d‘un point et demi en 2012 et croyez bien que cela a compté.»

Après six ans d’investigations, les juges Serge Tournaire, Aude Buresi et Clément Herbo disposent aujourd’hui de plusieurs éléments accréditant les soupçons d’un financement libyen, sans preuve formelle à ce stade. Ces derniers mois, l’enquête s’est accélérée, les magistrats se rendant à Tripoli pour entendre des témoins clés, dont Abdallah Senoussi, ancien directeur du renseignement militaire libyen, qui a confirmé des remises d’argent. Entendu le 23 mai, Ziad Takieddine, l’homme d’affaires franco-libanais par qui le scandale arrive, a également renouvelé ses accusations de financement illégal, affirmant avoir lui-même transporté 5 millions d’euros en liquide de Tripoli à Paris entre fin 2006 et début 2007, avant de les remettre en main propre à Claude Guéant, puis directement à Nicolas Sarkozy. «Vous ne trouverez jamais, j’insiste, jamais, jamais, l’ombre de la trace d’un quelconque virement ou d’un quelconque dépôt d’argent, s’est défendu ce dernier. J’irai jusqu’au bout pour combattre ces malhonnêtes.»

Abondance des recours

Déjà renvoyé en correctionnelle pour «financement illégal de campagne» dans l’affaire Bygmalion et mis en examen pour «corruption, trafic d’influence et recel de violation du secret professionnel» dans le dossier dit «Bismuth», l’ancien président fait tout pour circonscrire ce troisième front judiciaire, sans doute le plus dangereux pour lui. Selon une source judiciaire, sa requête en nullité ne sera examinée que le 17 octobre. Un délai qui s’explique par l’abondance des recours déposés par à peu près tous les mis en examen du dossier libyen, dont Claude Guéant, Eric Woerth ou Alexandre Djouhri, qui conteste son mandat d’arrêt. Par souci d’efficacité, la chambre de l’instruction a donc décidé d’examiner tous ces recours en même temps. Un sursis qui permet à Sarkozy de souffler. Et surtout de garder le silence.

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