Au fin fond de sa campagne du Lorrain, au beau mitan du siècle dernier, ma grand-mère aimait employer une expression créole qui m'avait toujours intrigué__"rachmabab"__jusqu'à ce qu'un beau, je finisse par la décortiquer : "rach ma bab". Comment pourrait-on la rendre au mieux dans la langue "dorée", comme qualifiaient le français, les vieux conteurs des veillées mortuaires d'antan ?
Par "sans pitié" ? Ou alors par "jusqu'au bout". Ou en français créolisé "d'arrache-barbe".
Peu importe au fond. Ce que je veux dire c'est que pour un certain nombre d'entre nous, cette année 2016, sera "an lanné rachmabab". Pas question de mollir d'une maille ni de baisser la garde au nom d'une pseudo "réconciliation nationale", d'un stupide "Nou tout-la sé Neg" et autres billevesées fraternalistes ou copains-copinistes ! Nous poursuivrons sans faiblir notre difficile combat commencé depuis bientôt trois ans contre toutes les formes de corruption qui gangrènent notre société et singulièrement notre Université, lieu où pourtant est censée régner la Pensée.
Et chacun sait que cette corruption a pour nom : népotisme, clientélisme, affairisme et (pour que tout ça puisse rouler à l'aise, pour garantir l'ordre mafieux) macoutisme.
Pour nous, il n'y aura ni cessez-le-feu ni calumet de la paix ni trêve ni armistice.
Bien au contraire, cette année 2016 sera pour nous "an lanné rachmabab". Nous mettrons tout en œuvre pour que les voyous en col blanc soient démasqués et punis comme il se doit puisqu'apparemment, justice et police dans ce pays ne traquent que les voyous va-nu-pieds. Nous ne craignons les menaces répétées de personne ni les graffitis insultants sur les murs de notre campus ni les attaques contre nos véhicules personnels ni les tonnes de mails mensongers, injurieux et diffamatoires. Cela fait plus de trois ans que nous subissons tout cela et nous sommes encore debout, plus combatifs que jamais.
Oui, 2016 sera une année "rachmabab" : ou bien elle verra la victoire des mafieux ou bien elle verra la nôtre.
Il n'y a pas et il n'y aura pas de solution médiane !
Au fait, comment ils disaient les autres déjà ? Ah oui : Nou paré !...
Raphael Confiant