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16 DECES PAR ARME A FEU EN MARTINIQUE DEPUIS LE DEBUT DE L'ANNEEE !

16 DECES PAR ARME A FEU EN MARTINIQUE DEPUIS LE DEBUT DE L'ANNEEE !

   Pas besoin d'être un expert en statistiques pour faire le calcul.

   Nous sommes en novembre et donc au 11è mois de l'année, or il y a déjà eu 16 homicides par armes à feu dans l'île dite "aux fleurs". Ce qui veut dire presque un mort par balle toutes les trois semaines. Presque...

   Certes, la grande majorité de ces actes criminels se sont produits dans des quartiers pauvres et touchent surtout de jeunes hommes (dans leur vingtaine ou leur trentaine), mais est-ce une raison pour que l'Etat et les Collectivités locales se contentent d'actions symboliques telles que l'Opération "Rendez vos armes" ou de grands discours moralisateurs qui ne changent strictement rien à la situation ? Est-ce que les "marches blanches" des associations, qui se battent courageusement et avec bien peu de moyens, sont en mesure d'inverser cette tendance mortifère ? Est-ce que l'Eglise catholique devenue médiatiquement omniprésente depuis quelques années ainsi que les églises protestantes qui prolifèrent peuvent contrecarrer le phénomène ? Est-ce que les intellectuels ont une ou des explications à tout cela ?

   De toute évidence NON !

   La Martinique est...désarmée face à la prolifération des armes à feu. Désemparée. Déboussolée même. Au point que certaines personnes qui ne vivent pourtant pas dans des quartiers "chauds" éprouvent le besoin d'avoir une arme dans leur maison, voire même dans leur voiture. L'effrayant résultat de cette situation est que, de plus en plus, tout un chacun va s'armer. Or, l'on sait, avec l'exemple des Etats-Unis, qu'un banal conflit familial qui se résout d'habitude avec des insultes de part et d'autre, quelques calottes ou deux-trois coups de poing, peut dégénérer en tuerie pour peu que l'un des protagonistes soit possesseur d'une arme à feu.

   La tentation est grande d'en imputer la faute aux étrangers, à nos cousins immigrés en provenance des pays caribéens, en particulier aux anglophones et hispanophones (les Haïtiens, pour une fois, sont exemptés de cette accusation), mais là encore, les statistiques sont formelles : sur les 16 décès par balle depuis janvier 2019, pour autant que l'on sache, la majorité d'entre eux n'est pas le fait de non-Martiniquais.

   Il s'agit donc d'un problème interne à notre société martiniquaise.

   Inutile de se voiler la face ! Inutile d'en faire porter la responsabilité à l'Autre même si c'est vrai qu'il y a des criminels chez nos immigrés comme dans toute communauté. Il faut éviter à la fois la stigmatisation des étrangers et l'angélisme à leur égard. Ils ne sont pas différents de nous, Martiniquais. Le problème est d'abord chez nous, en nous, au sein de notre société même. Et c'est à nous de chercher à le résoudre.

   Nos sociologues invoqueront le chômage, la drogue, la disparition de la solidarité familiale, la dislocation de la culture créole au profit de modèles importés des ghettos américains ou des banlieues françaises, la porosité des frontières de notre île, le "génocide par substitution", l'influence des musiques urbaines étrangères et des tas d'autres raisons qui sont en grande partie vraies, mais qui sont insuffisantes à caractériser ce qu'on peut appeler "le Mal Martiniquais".

   Est-ce que ce dernier ne proviendrait pas de notre incapacité à faire peuple, d'une part, et de notre hésitation, sinon notre refus, d'aller sur le chemin de la souveraineté nationale, de l'autre ? Car quand on a un pays à construire, comme à Barbade, à la Dominique (qui fête aujourd'hui le 41è anniversaire de son indépendance), à Antigue, à Grenade ou à Trinidad, on n'a pas de temps à perdre à des sottises. Du genre : faut-il expulser les Békés ? Aucun pays indépendant de la Caraïbe ne l'a fait ! Devons-nous développer davantage le tourisme ? Tous les pays de la Caraïbe le font. Le créole est-il vraiment une langue ? Il est langue officielle (à côté du français) en Haïti et en Jamaïque, le parlement est sur le point d'officialiser le créole jamaïcain, sans même parler de la Dominique et Sainte-Lucie qui valorisent, en toute sérénité, ce qu'ils considèrent comme leur langue nationale. Faut-il commencer à sortir de l'économie de comptoir ? Il y a longtemps que la plupart des pays caribéens ont fait ce pas même si après des siècles de colonisation ce n'est pas facile et même si la mondialisation complique terriblement les choses. Devons-nous retourner vivre en Afrique ? Même en Jamaïque, pourtant berceau du rastafarisme, à peine 0,5% de la population a fait à ce jour ce choix périlleux. Faut-il exiger des réparations à cause de l'esclavage ? Certes, mais cet argent sera versé à qui si nous demeurons territoire français ?

   N'est-il pas grand temps que, nous Martiniquais, cessions de nous poser des questions futiles, voire inutiles, pour ENFIN prendre notre destin en main ?...

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